28/04/2020 | Confinement et pensions de famille : comment ça se passe?
Au total, 56 personnes sont accueillies dans les pensions de famille de Solidarités Nouvelles pour le Logement. Louise Créhange, hôte de pension de famille, partage avec nous les modes d’action qui ont été mis en place pour maintenir le lien avec les locataires.
Comment se déroule l’accompagnement en Pensions de famille ?
Nous avons construit tout un nouvel accompagnement à distance, en nous appuyant sur les documents officiels proposés par la DIHAL (Délégation interministérielle à l’hébergement et à l’accès au logement) qui ont été très utiles. Ils proposent des ressources pour la tenue des entretiens téléphoniques et nous nous en sommes très largement inspirés.
Nous sommes au total une équipe de 4 hôtes, répartis habituellement sur 5 sites. Nous avons choisi de nous répartir la cinquantaine de résidents pour assurer des échanges téléphoniques réguliers et individuels. Cela représente deux appels par personne et par semaine. Nous avons organisé à tour de rôle le télétravail et la prise de congés. Une permanence téléphonique est également disponible 24h/24h pour répondre aux situations d’urgence.
Quel est le but de ces échanges téléphoniques ?
Dès le départ, la trame d’entretien a été très utile pour aborder tous les points importants – l’alimentation, le budget, les traitements médicaux, les attestations de sorties, démarches numérique… – et pour veiller à ne rien oublier. Les premiers appels ont servi à expliquer le nouveau mode d’accompagnement, mettre en place l’heure et la fréquence des appels, accompagner dans les démarches numériques, rassurer sur le maintien des aides financières…
Ensuite, régulièrement, nous nous informons sur les modes de vie, sur leurs activités routinières, sur leur sociabilité via le téléphone…. Nous avons élargi les entretiens en conseillant des podcasts, des films…
L’objectif est de structurer le temps avec les locataires, de générer de nouvelles habitudes, des routines qui s’insèrent dans leur cadre de vie. Ces routines sont très utiles pour soulager les personnes qui ressentiraient des tensions au niveau psychique.
Le confinement a-t-il révélé de nouvelles difficultés ?
Rapidement nous avons pu identifier les personnes ayant besoin d’une attention particulière ou présentant plus de risques.
Nous avons rencontré aussi des situations d’urgence où nous avons dû nous déplacer : pour un conflit de voisinage, pour un problème de santé non lié au Covid-19, pour organiser le rapatriement d’une personne qui n’était pas chez elle en début de confinement…
Dans ce cas, le confinement a accentué des conflits ou des troubles qui préexistaient. Mais nous n’avons pas vu apparaître de nouvelles difficultés liées à la maladie elle-même. Les résidents se sont montrés dans l’ensemble responsables face aux mesures de protection à respecter.
Sur quels soutiens avez-vous pu compter ?
Les bénévoles de Solidarités Nouvelles pour le Logement se sont tout de suite beaucoup mobilisés auprès des résidents. Ils ont été très actifs pour organiser la distribution de colis alimentaires, via le Secours Catholique, pour fournir des masques et des attestations… et maintenir le lien avec les résidents.
Les partenaires locaux sont très présents, notamment les professionnels des Centres Médico-Psychologiques (CMP), auprès des résidents qui ont des fragilités psychiques. Un lien est maintenu à distance. Des curateurs également ont pris le temps d’appeler les personnes dont ils ont la charge.
Les artistes de la Galerie Ephémère de la pension de famille de Palaiseau viennent aussi nous prêter main forte en confectionnant des masques en tissus pour que le déconfinement se déroule dans des conditions d’hygiène acceptables tant pour les locataires que pour les travailleurs sociaux.
Au final, en quoi le confinement modifie-t-il le contenu de l’accompagnement ?
Les entretiens téléphoniques ont parfois modifié la relation d’accompagnement. Nous prenons le temps de mener une conversation que nous voulons apaisante et qui peut être plus approfondie. Nous nous efforçons d’ouvrir sur d’autres sujets que le confinement. Il arrive alors que nous ayons des échanges que nous n’avions jamais eus auparavant en face à face, par exemple sur le parcours des personnes.
Actuellement, nous travaillons sur les protocoles de sortie de confinement. Habituellement en pension de famille, il y a une dimension collective dans l’accompagnement, par exemple avec des repas, des moments de convivialités, des activités partagées… Tout cela doit être suspendu, ainsi que les différents projets de participation à des événements.
Nous devons réinventer une autre façon d’accompagner, de maintenir le lien tout en gardant des réflexes de prévention et de protection. Au final, les résidents ont montré qu’ils avaient des ressources pour faire face à ces changements.