09/11/2020 | Ensemble, construisons une société plus solidaire !
Vivre dans une situation d’extrême précarité, dans un logement indigne ou à la rue, c’est être privé de l’essentiel : la possibilité de se construire un avenir. C’est pourquoi, chaque année, nous continuons à acquérir des logements pour les louer à des loyers très modestes à ceux qui en ont le plus besoin.
A cela s’ajoute l’accompagnement social et de proximité. Il est déterminant pour un locataire car il lui donne l’élan nécessaire pour rebondir. Michel Pouzol, devenu député, a tenu à rappeler l’importance d’un logement et de l’accompagnement proposé par SNL à travers son parcours personnel.
Ensemble, construisons une société plus solidaire !
Cher ami, chère amie,
Quand Madeleine, la bénévole de Solidarités Nouvelles pour le Logement est venue nous voir, nous habitions notre petit « cabanon » depuis un peu plus d’un an. C’était le début de l’automne, la veille d’un week-end, il faisait très beau, notre petite fille de 6 mois était tout sourire, nous, nous étions un peu habitués à vivre là, dans l’extrême précarité, la pauvreté et sous ce semblant de toit, cette caricature de maison.
Nous avons pris le thé, Madeleine était toute douceur et attention. Elle a écouté notre histoire, patiemment. Elle nous a expliqué qu’il y avait une maison disponible sur Brétigny, mais qu’une autre famille postulait comme nous. En nous quittant elle nous a promis une réponse dans une semaine ou deux.
Le lundi matin elle nous a appelés : elle n’avait pas dormi du week-end en pensant à nous. Pour elle il était impossible de nous laisser vivre dans ces conditions, de laisser grandir notre bébé dans un tel délabrement. La maison était pour nous.
Deux mois plus tard, l’assistante sociale nous faisait visiter la maison. Les enfants couraient dans tous les sens ravis. Je leur ai dit que nous allions déménager le week-end. Ils se sont mis à me supplier pour que nous restions dès le soir. Il n’y avait aucun meuble, rien.
J’ai pris mon vieux break, je suis retourné au cabanon. J’ai démonté les lits, emporté le frigo, le four, le micro-onde, la cafetière, l’ordinateur, la télévision, les vêtements, les affaires du bébé. En deux voyages j’avais vidé le cabanon… Et je n’y suis plus jamais retourné.
Le lendemain, ma fille se dressait sur ses jambes et commençait à gambader autour de la table du salon, prête à ses futurs premiers pas.
Henri et Blandine sont devenus nos bénévoles SNL. Henri venait m’apprendre à bricoler, on parlait de politique, de culture, de religion, de tout et de rien. Le rituel du thé durait toute la matinée. Nous avions tant de choses à dire et à partager. Jamais ils ne nous jugeaient, jamais ils ne s’impatientaient.
Quinze jours après être entré dans notre maison SNL, je retrouvais un travail un peu mieux payé et un peu moins précaire. Une autre aventure commençait. J’ignorais qu’elle me conduirait 4 ans plus tard à devenir Conseiller général de l’Essonne, puis 5 ans plus tard à devenir député de la Nation, 9 ans seulement après avoir quitté la forêt des Jonc-Marins où nous avions passés 16 mois.
Et pourtant le Michel de l’Assemblée Nationale, je vous le jure, n’a jamais été plus intelligent ou plus habile que celui du Cabanon. C’était juste le même homme, avec ses mêmes forces et ses mêmes faiblesses mais à deux moments de sa vie. Mais celui qui marchait sur le chemin de l’Assemblée avait eu un peu plus de chance que celui qui avançait quelques années plus tôt vers le cabanon : les bénévoles et les salariés du SNL étaient venus croiser sa route et celle de sa famille pour lui tendre la main, pour l’aider à se relever, pour lui offrir justement un autrement chemin. Simplement ils étaient venus avec gentillesse et modestie pour lui sauver la vie. Et ils y avaient réussi.
Michel Pouzol