05/03/2015 | Retour sur la Nuit Solidaire du 12 Février : Une ancienne locataire raconte la vie en hôtels
19h00, place de la République à Paris, au pied de la statue une scène, face à la sortie du métro une grande tente où sont présentées des photos des vidéos sur le mal-logement, à côté, une centaine de lits de camp, de matelas, installés là pour que les passants volontaires fassent l’expérience d’une nuit dans le froid aux côtés des vrais sans abris. Plusieurs milliers de personnes venues crier leur refus contre l’exclusion à l’appel du « Collectif des Associations Unies ».
20h00, les représentants des 33 associations du Collectif, plus Etienne Primard président de SNL (SNL fait partie du Collectif par l’intermédiaire de la FAPIL), montent sur la scène pour lancer leur appel à la mobilisation générale des pouvoirs publics et de toute la société contre la pauvreté et le mal logement. Ils ont rappelés que 10 millions de personnes sont confrontées à la crise du logement, que 3,5 millions sont très mal-logés, que parmi elles 142 000 sont sans domicile fixe, soit 50% de plus qu’il y a 10 ans. Et pendant ce temps les inégalités sociales se creusent au point que 10 % de la population concentre près de la moitié du patrimoine.
Rencontre avec Ruth, ancienne Locataire de SNL à Paris
Ruth, ancienne locataire de SNL, a tenu à témoigner elle aussi lors de la Nuit Solidaire. Elle a répondu aux questions de Manuel Domergue, directeur des études de la Fondation Abbé Pierre. Elle a parlé de la vie des familles sans domicile qui sont ballottées, parfois pendant plusieurs années, d’hôtel en hôtel.
Avant d’entrer dans un logement SNL, Ruth a vécu pendant deux années avec ses enfants de 5 et 10 ans dans des chambres d’hôtel où il n’était pas toujours autorisé de cuisiner. Elle y restait parfois trois ou quatre jours, le plus long séjour a été de 6 mois. « Une fois, on m’a même prévenu en début de soirée que nous devions quitter l’hôtel le jour même, que la chambre était prise par quelqu’un d’autre, une erreur de communication ! ». Les hôtels n’étaient jamais au même endroit, certains sur le pourtour de Paris, d’autres en banlieue.
Heureusement, elle a réussi pendant cette période à maintenir ses enfants dans la même école du 14ième arrondissement de Paris. Ce point stable avait pour contrepartie des journées souvent chargées, il fallait se lever très tôt pour prendre les transports en commun, amener les enfants, aller travailler dans un autre endroit lorsqu’elle trouvait un emploi, puis revenir attendre les enfants à l’école avant de repartir vers un hôtel souvent à l’autre bout de la ville. Sur ce qu’elle gagnait, il lui fallait payer la chambre, on lui laissait 5 euros par jour et par personne.
Grâce à la solidarité de parents d’élèves, au bout d’un an elle a pu obtenir des papiers. Un an plus tard, un travailleur social lui a proposé de déposer un dossier pour un logement SNL. Ici elle a pu se poser, se former, trouver un emploi stable dans une école de la Mairie de Paris, et élever ses enfants dans un environnement plus favorable à leur bonne santé et à leur apprentissage scolaire.