06/04/2020 | Soutien matériel aux ménages SNL pendant le temps du confinement
Baisse de revenus, fermeture des épiceries solidaires, services sociaux difficilement accessibles… le confinement a eu pour conséquence de fragiliser certains des locataires de Solidarités Nouvelles pour le Logement. A Saint-Maur-des-Fossés, les bénévoles ont organisé la collecte et distribution de produit de première nécessité. Témoignage et conseils par Denis, bénévole à SNL 94.
Faut-il intervenir ?
Les ménages SNL sont pour la plupart dans une situation budgétaire précaire, et il est facile d’imaginer que le confinement déstabilise financièrement certaines d’entre elles en rompant l’équilibre déjà sur le fil.
Les raisons en sont multiples, et les travailleurs sociaux sont bien placés pour apprécier les nouvelles difficultés du fait de la situation d’exception que nous vivons.
En parallèle, le recours au droit commun devient plus difficile avec des services sociaux dont certains accueils physiques ferment, les RV plus difficiles à obtenir…Les associations caritatives réduisent leurs activités quand elles ne se sont pas arrêtées, ne permettant plus le recours à des colis alimentaires, à des vêtements en vestiaire, etc…
SNL accompagne les ménages en vue de leur autonomisation, SNL favorise l’accès au droit commun, SNL tente d’établir une relation équilibrée et respectueuse de la dignité de chacun-e, trois bonnes raisons pour s’interdire une aide matérielle ou financière directe.
Cependant, dans la situation exceptionnelle de confinement que nous vivons, peut-on laisser la situation des ménages SNL se dégrader alors qu’ils ne peuvent faire appel aux moyens habituels pour y faire face ?
Le temps du confinement, les ménages SNL ont bien évidemment besoin de l’accompagnement habituel (au moins par téléphone), ont besoin d’être entourés pour des raisons psychologiques, ils ont aussi besoin pour certains d’entre eux d’un soutien matériel exceptionnel sous forme de produits de première nécessité, alimentaires ou d’hygiène.
Solidarité avec une offre de produits de première nécessité
L’un des principes éthiques de SNL est de ne pas aider directement les ménages, mais de leur permettre de bénéficier de la solidarité collective institutionnelle (les droits) ou privée à but humanitaire (associations).
Lorsque l’une et l’autre sont déficientes, comment faire ? : organiser l’exercice de la solidarité directement avec la population par des collectes de produits de première nécessité dans les commerces.
Les modalités sur le territoire concerné :
1/ vérifier avec les travailleurs sociaux de SNL le besoin exceptionnel de ménages SNL.
2/ aller à la rencontre des responsables des commerces ayant possiblement une certaine autonomie et un certain état d’esprit (parmi les franchisés, les coopératives, le bio).
3/ proposer de disposer un caddy recueillant les dons de la clientèle du magasin, avec des affichettes en A3 (exposées à l’extérieur, à l’entrée et dans le caddy) et en A4 (affichées dans plusieurs endroits dans les rayons),
4/ relever les dons quotidiennement en veillant à toujours laisser un « fond » de produits dans le caddy (afin d’amorcer les dons), ce qui signifie ne pas être présent la journée et permet donc de limiter les risques de « contact »,
5/ reproduire l’opération dans autant de commerces qu’il le faut en fonction du nombre de ménages bénéficiaires, auprès desquels la distribution se fera 1 ou 2 fois par semaine, au nom de la solidarité de la population.
Télécharger le modèle d’affiche à reproduire
Premier bilan à Saint-Maur :
Biocoop, SuperU et Casino ont répondu très favorablement. La collecte correspond à environ un cageot par jour et par magasin. Seuls les produits Biocoop ont été distribués pour le moment, les autres ayant été transmis à l’Epicerie Solidaire.
La Vie Claire et Monoprix ont refusé du fait de la période de confinement.
Les 8 ménages concernés, soit plus de 30 personnes, ont semblé extrêmement satisfaits des produits offerts, tous bio. Le bio est non seulement un gage de qualité alimentaire, il est aussi très valorisant, le don n’étant pas alors un surplus bientôt périmé mais un produit inaccessible que ne s’autorisent pas la plupart des ménages concernés.
La distribution s’est faite, moitié en un lieu socialisé (le local SNL), moitié en livraison à domicile (en respectant la distanciation).
Et mises à part les interventions pour lancer l’opération, la mise en œuvre logistique ne demande pas beaucoup de moyens (collecte faite quotidiennement en vélo, pour faire un peu d’activité physique), ni de bénévoles (3 sollicités).