12/10/2017 | SNL Val-de-Marne
Un témoignage émouvant de Nabala, locataire et bénévole SNL, à l’occasion du spectacle organisé par l’association Club H.E.R.V.E Spectacle, aux Folies Bergères, le lundi 9 octobre 2017, au bénéfice de SNL Val-de-Marne et de l’association Simon de Cyrène.
Un spectacle qui a réuni 1000 personnes !
Clémentine :
Bonjour à toutes et à tous, et merci d’être là !
SNL, c’est une association dans laquelle bénévoles, salariés, locataires et donateurs agissent ensemble pour agir contre le mal logement et permettre aux familles les plus démunies de retrouver leur place dans la société.
Je vous présente Nabala. Elle est locataire à SNL depuis 3 ans. Nabala, est-ce que vous pouvez nous dire, dans quel état d’esprit vous étiez quand vous êtes arrivé à SNL, qu’est ce qui c’était passé dans votre vie ?
Nabala
Je suis locataire bénévole (rire). Après 5 ans ou 6 ans dans les hôtels, j’étais épuisée, fatiguée, dégoûtée, de la vie, j’étais déprimée avec ma fille, j’avais vraiment besoin de me poser.
Et j’avais beaucoup travaillé, mais à force de ne pas être aux bons endroits, j’ai perdu mon emploi, et on m’a dit que c’est parce que je ne travaillais pas que je n’avais pas de logement. Ce n’était pas vrai. C’était parce que j’étais fatiguée de tourner, mon travail se trouvait à l’opposé, ma fille devait changer d’école, 3 fois dans l’année, à chaque fois qu’on était dans un nouvel hôtel.
Quand je suis arrivée à SNL j’étais vraiment déprimée. J’avais besoin de soutien pour me relever.
(Applaudissements)
Clémentine
Qu’est-ce que ça a changé, et apporté de vraiment important, pour vous et votre fille ?
Beaucoup de choses : déjà, le fait d’avoir une adresse, une boîte aux lettres, ça a tout changé. Mes projets sont repartis, ma fille a passé une année entière dans une école sans être perturbée. Je dormais, je n’avais pas peur, de me dire : « dans une semaine je dois changer d’hôtel, d’endroit ». Depuis 10 ans, je tournais avec un titre de séjour d’1 an, car je n’avais pas d’adresse et qu’on me disait que je n’avais pas de logement fixe. Déjà, ça m’a permis d’avoir ma carte de 10 ans. Ca m’a permis de me construire, d’atteindre mes objectifs, d’aller de l’avant.
(Applaudissements)
Clémentine
Je vais vous raconter l’histoire du logement que vous habitez à Saint-Maur-des-Fossés. On cherchait dans cette ville qui n’a pas beaucoup de logements sociaux, des opportunités pour créer du logement social, en diffus, un appartement dans une co-propriété, pas un gros ensemble, pour que la mixité sociale puisse aussi permettre aux gens de retrouver leur place.
On a donc trouvé un appartement à acheter, on a fait des travaux, en essayant d’adapter aux meilleurs normes énergétiques pour éviter que les locataires payent trop de charges au quotidien, et puis on a fait appel à différents financeurs, l’Etat, les collectivités, mais aussi des partenaires de longue date comme la Fondation Abbé Pierre, et aussi à tous les généreux donateurs qui font qu’on arrive à boucler les opérations : sans eux, on n’y arriverait pas !
Cet appartement, quand vous êtes arrivée, on vous a dit : c’est un logement passerelle. Le logement passerelle, chez nous, ça veut dire que le logement est temporaire, pas durable. Un jour, vous allez en partir. Mais, cette passerelle, on ne définit pas sa durée, lorsque les gens arrivent. Elle peut durer 6 mois, elle peut durer 6 ans. Sa bonne durée, c’est le temps dont les gens ont besoin pour se remettre debout, pour repartir. C’est très important pour nous de se dire qu’il y a une association qui permette aux gens de prendre leur temps, de se poser, d’être chez eux, de réapprendre à habiter, de retrouver leur place. Quand ils sont prêts, solides, autonomes, ils peuvent repartir dans un logement durable.
Ce logement est aussi accompagné. Nabala, vous pouvez nous dire, qui vous accompagne, et à quoi ça sert ?
Nabala
A SNL, les locataires sont accompagnés par des salariés et des bénévoles, et des locataires-bénévoles. Leur rôle, je peux même dire que c’est un centre de formation, après avoir été dans la rue, on a perdu les bonnes manières. On apprend la bonne cohabitation avec les voisins. Et quand arrive la fin du mois, comment il faut payer son loyer ? Pourquoi c’est important de payer son loyer ?
En fait, SNL, c’est comme une famille, il y a un peu de tout ! Quand on est déprimé, au début, on peut même appeler les salariés, le travailleur social, il vient, on pleure sur son épaule il nous réconforte, il s’en va. Ça nous permet de nous lever. Ça nous permet de croire en l’avenir, de trouver que nous ne sommes aussi « chose »que ça, pas aussi perdus que ça, on reprend confiance, sérénité. On a vraiment besoin de ça. Les bénévoles aussi, ils sont là au bon moment, on partage tout avec eux, les moments de joie, les moments de tristesse. Au début, on a peur. On se dit pourquoi ils veulent nous donner des logements et nous font suivre par des bénévoles. C’est à la longue qu’on se rend compte qu’ils jouent un rôle vraiment important pour que nous puissions aller de l’avant.
(Applaudissements)
Clémentine
Pour résumer, à SNL en 4 points, on crée des logements parce qu’il n’y a pas suffisamment de logement pour les gens qui ont besoin d’aide, on les crée dans le diffus et avec les meilleures normes énergétiques.
Dans ces logements, on accueille des familles : on fait d’eux des locataires, avec un nom sur leur boîte aux lettres, un contrat à leur nom,…
On les accompagne avec des travailleurs sociaux et des bénévoles pour recréer des liens de proximité et expérimenter le Vivre Ensemble et ensuite on témoigne, on interpelle nos familles, nos concitoyens, nos amis, sur cette situation du mal-logement en France, et sur toutes les conséquences que ça peut avoir sur les familles.
C’est le projet SNL. Et avant tout, on essaie de le vivre ensemble : salariés, bénévoles, locataires, donateurs, tous ensemble au même niveau, pour apprendre à vivre ensemble dans la société.
Nabala, locataire et bénévole SNL-Val-de-Marne
Clémentine Péron-Gillet, directrice SNL-Val-de-Marne