25/09/2014 | SNL Yvelines
Dimanche 5 octobre, fin d’après-midi, une cinquantaine de personnes se pressent pour assister à un Ciné-débat autour du film « Au bord du monde« .
A l’écran, la nuit tombe. Claus Drexel filme un Paris nocturne d’une beauté à couper le souffle, déserté par tous sauf par les SDF … Jeni, Wenceclas, Christine, Pascal et les autres, onze hommes et deux femmes dont les habitats de fortunes vont de la bouche d’aération à la maison en dur bricolée sous un pont, en passant par diverses cabanes, tentes, campements de fortune sur les quais de Seine. Contraste saisissant avec un Paris splendide où les éclairages publics répandent leur lumière dorée : le Louvre, l’île Saint Louis, l’Arc de Triomphe, la Grande Bibliothèque, le Jardin des Plantes …
Aucun ne se plaint. L’humour vient naturellement ; la colère aussi. Les témoignages sont tous très dignes, souvent pétris de bon sens et de visions bouleversantes. Loin de nous jeter leur détresse au visage, c’est leur désarroi face à une société qui les nie et les renie que ces êtres « au bord du monde » nous communiquent avec des mots justes. Sous le charme, le spectateur ne peut détourner le regard. Ce magnifique documentaire tire sa force de cette expression, souvent lucide et toujours bouleversante, point de vue tout sauf misérabiliste sur ces humains au final comme les autres. La beauté du film et la posture de la caméra rendent à ces SDF ce qu’il est difficile de voir en croisant quotidiennement la misère de notre société : une dignité.
Ce beau documentaire a été révélé en 2013 au festival de Cannes par l’Acid (Agence du cinéma indépendant pour sa diffusion). Depuis, il a participé à des festivals où il a reçu plusieurs prix …
Début de soirée passionnante, donc, d’autant que la projection a été suivie d’un débat avec les membres locaux la Croix-Rouge et le groupe SNL de La Celle Saint Cloud/Bougival/Louveciennes, et surtout avec Jacques Hassin.
Le docteur Jacques Hassin est directeur de la Maison de Nanterre (le CASH : Centre d’accueil et de soins hospitaliers de Nanterre) et cofondateur de l’Observatoire de la grande exclusion du Samu social de Paris. Il a soutenu le projet de Drexel, et est venu nous raconter le tournage et nous apporter son témoignage, nous dire qu’ils n’ont pas vraiment d’explications sur ce qui les a mené à la rue, généralement, c’est une fracture qui survient très tôt dans l’enfance et qui ressort des années plus tard, avec un événement anodin … Et puis il nous a donné aussi des nouvelles des hommes et des femmes croisés dans ce film : la plupart continuent leur vie de SDF, d’autres ont disparu, mais Michel, filmé dans le métro, a obtenu une place en maison de retraite, Christine est hébergée en province par sa famille, qui l’a reconnue dans un reportage diffusé à la télévision …