21/10/2024 | SNL Essonne

Cœur-Sacré nous accueille dans son appartement qu’il habite depuis janvier 2016. C’est avec joie, que nous le rencontrons aujourd’hui pour découvrir son parcours de vie et le partager aux lecteurs, lectrices de notre lettre. Nous l’écoutons avec attention, nous raconter son histoire.

« J’avais 33 ans lorsque je suis arrivé en France en août 2007. Directeur d’un centre socioculturel en République Centrafricaine, j’ai dû repartir de zéro, un vrai parcours de combattant. J’ai d’abord affronté le parcours de la régularisation auprès de la préfecture, il a abouti à mon premier titre de séjour. Ensuite, j’ai fait des petits boulots : manœuvre, ouvrier viticole à Reims, j’étais logé dans un studio. A Paris en 2011, j’étais SDF puis j’ai pris une chambre en colocation à Étampes avec une domiciliation chez le Secours catholique. J’occupais une chambre de bonne que je payais 300 euros avec mon RSA. Puis j’ai trouvé de petits contrats en intérim :  éboueur et préparateur de commandes dans le surgelé.

C’est à Paris que je rencontre une personne qui, au vu de mon parcours, m’incite à intégrer le parcours de formation pour le métier d’éducateur spécialisé au Centre de Formation de l’Essonne à Grigny mais mon inscription n’a pas été validée car mon diplôme n’a pas été reconnu en France ; il aurait fallu que je fasse une validation auparavant, j’ai dû me contenter de la formation de moniteur éducateur.

J’ai découvert SNL, un peu par hasard en 2015 en deuxième année de formation, lors d’un stage à la pension de famille de Bruyères-le-Châtel où j’ai rencontré Séraphin et Bernard (deux travailleurs sociaux de l’association).

Je n’ai dévoilé ma situation personnelle qu’après avoir achevé mon stage, aussitôt Séraphin et Bernard m’ont incité à déposer une demande de logement auprès de SNL et c’est ainsi que je suis arrivé à Morsang-sur-Orge en janvier 2016.

Après avoir obtenu mon diplôme en juillet 2016, j’ai été embauché par la Croix-Rouge et je suis devenu éducateur dans un centre d’hébergement d’urgence à Villiers-sur-Marne. Ce sont les personnes hébergées qui m’ont incité à écrire. Depuis tout petit, j’ai toujours rêvé d’écrire. Ces demandes ont réveillé en moi ce rêve que j’avais.

Écrire leur histoire du quotidien pour faire connaître leur vie[1]. Mon but, c’est de pousser le monde à ouvrir un regard sur l’exclusion sociale. Cela peut arriver à tout le monde de se retrouver à la rue ; j’ai rencontré des personnes avec de beaux postes et qui tombent dans les aléas de la vie : maladie, séparation, perte d’emploi…

Travailler au 115, c’est accompagner des personnes (dans le centre où je travaille, des hommes de 18 à 84 ans), jeunes, des plus âgées, de cultures, de religions différentes, voire des personnes qui se disent athées. Nous arrivons à travailler ensemble ».

Comme Cœur-Sacré l’écrit : « le travail autour de l’humain en grande difficulté, ce n’est pas simple, mais on arrive à faire avec les possibilités de chacun. Je suis fier d’être un pionnier du grand village planétaire ».

Cœur-Sacré nous dit avant de nous quitter « je voudrais remercier SNL grâce à qui j’ai pu avoir un toit ».

Merci Cœur-Sacré de nous avoir reçues, d’avoir partagé ton chemin de vie. Et au fait, ça te dirait de donner un coup de main au sein du groupe local de Morsang ?

[1] Si vous souhaitez connaître le parcours de Cœur Sacré, vous pouvez découvrir son livre, écrit dans le cadre de ses fonctions d’éducateur spécialisé à La Croix Rouge Française : Mon journal de bord auprès des SDF, Cœur-Sacré Mackpayen, Editions du Panthéon, 2023.

Viviane MOTTA et Marie-Noëlle THAUVIN