29/05/2018 | SNL Val-de-Marne
Chacun peut agir pour développer une offre de logements accessibles à Saint-Maur : c’est autour de cette conviction que SNL Val-de-Marne organisait ce vendredi 25 mai une Conférence-débat, à laquelle 120 personnes ont assisté. Ce sont succédés la présentation de faits et de chiffres par Denis LAURENT , les témoignages des intervenants et les débats, animés par Jean-Christophe BRELLE, vice-président de SNL94.
Des témoignages sur la réalité des situations de mal logement.
Les situations de pauvreté sont nombreuses, à Saint-Maur comme ailleurs : 22% des ménages sont non imposables, 19% des locataires du parc privé sont en dessous du seuil de pauvreté et il y a 2500 demandeurs de logements sociaux (dont 80% de Saint-Mauriens).
- Michèle CORMIER, responsable de l’Espace Des Solidarités de secteur ( EDS) a insisté sur le fait que les situations de mal logement que vivent 42% des ménages suivis par l’EDS les épuisent et entravent la dynamique d’insertion.
- Charles DE MATTEIS, Directeur de l’Association Joly a insisté sur le besoin d’un accompagnement global, car la grande précarité génère beaucoup d’autres problématiques (santé, fragilité psychologique, addictions,…)
- Isabelle COFFINEAU, responsable de l’accompagnement à Insertion Service, a souligné combien l’hébergement précaire ( hôtel social) rend très difficile le retour à l’emploi , tant du coté de la personne en insertion que du coté de l’employeur.
- Fabienne BELLANGER, travailleur social à SNL, a illustré avec plusieurs exemples les fruits d’un accompagnement personnalisé adapté à chaque ménage.
- M., locataire de SNL, venue avec ses deux enfants, a dit avec beaucoup d’émotion combien avoir un toit avait changé sa vie : elle a pu entreprendre une formation qualifiante et va pouvoir passer sereinement ses examens le mois prochain…et pouvoir ainsi prendre sa vie et celle de ses enfants en main.
Face aux besoins, comment faire évoluer l’offre de logements sociaux à Saint-Maur ?
La deuxième partie de la soirée aborde la question de l’offre de logements à Saint Maur : 2500 demandeurs de logement sociaux , 2700 logements vacants, un taux de logements sociaux qui ne progresse que très lentement ( passé de 5,5 en 2002 à 7,9 aujourd’hui)…. La ville de Saint-Maur paie une amende au titre de la loi SRU de 6,4 M€ par an. Alors comment développer une offre de logements accessibles pour tous à Saint Maur ?
- Gérard VAULEON, président de SNL94, a présenté la situation de la ville de Vincennes : avec un PLU favorable au logement social, avec un droit de préemption renforcé et des partenariats avec des associations d’insertion par le logement,…. Vincennes a atteint aujourd’hui 10,6% de logements sociaux et ses efforts sont reconnus et encouragés par l’Etat : Vincennes n’est pas soumise à l’amende SRU.
- Xavier DE LANNOY ,Président de Soliha – Solidaires pour l’habitat, a rappelé que le parc privé accueille 65% des ménages les plus pauvres, dont beaucoup sont en situation de mal logement : en effet le coût très élevé des loyers et les mauvaises performances énergétiques des logements entrainent le surpeuplement et la précarité énergétique.
- Soliha met en œuvre des outils et des moyens pour permettre aux propriétaires, moyennant un geste de solidarité, d’améliorer la situation et de proposer dans le parc privé des logements accessibles : assistance et aides financières pour la rénovation des logements, dispositif Solibail sécurisant loyer intermédiaire, AIVS Soliha intermédiation locative avec accompagnement, garantie des loyers VISAL,….
- Alain REGNIER, Président de SNL-Union, pose la question : quelle ville voulons-nous ? Une ville de l’entre soi, qui exclut les plus fragiles ou une ville « inclusive », qui se donne les moyens, avec des solutions innovantes, d’accueillir la diversité et la mixité sociale, source d’enrichissement social et culturel pour la ville ?
Comment mobiliser le parc privé pour créer du logement social ?
La mobilisation du parc privé est un terrain privilégié pour mettre en œuvre une telle option, et Solidarités Nouvelles pour le Logement a développé un modèle original, le logement passerelle, accompagné, en diffus ….et ça marche puisque 91% des ménages entrant à SNL sont relogés, après un séjour de 3 ans en moyenne , dans un logement pérenne.
- SNL met en œuvre des outils pour accompagner les propriétaires solidaires :
- Achat /réhabilitation de logements dégradés
- Bail à réhabilitation pour une durée supérieure à 15 ans, lorsque des travaux de réhabilitation sont nécessaires, permettant au propriétaire de récupérer au terme du bail un logement rénové
- Donation Temporaire d’Usufruit, permettant de sortir le logement de l’assiette IFI
- Mise à disposition avec abandon de loyer, générant un avantage fiscal important pour le propriétaire
Avant de conclure la soirée, Gérard VAULEON donne la parole
- à Madame Catherine LARRIEU, directrice de l’UDHL94, représentant Monsieur le Préfet, qui rappelle la volonté de l’Etat d’accompagner les villes et les territoires pour agir contre le mal logement, mais elle en appelle aussi à la responsabilité de chaque citoyen : en effet, pour créer du logement accessible, il faut :
- de la finance : il y en a , peut-être pas encore assez, mais il y en a
- du foncier : il n’y en a pas assez, en Ile de France, mais il y en a : et si chacun/e de nous ne peut pas apporter de foncier, au moins pouvons-nous avoir un regard positif et bienveillant sur les projets, sans abuser des recours.
- des services sociaux publics et des associations d’insertion : il y en a et l’Etat les encourage et les soutient.
- Et cela demande à chacun/e de nous de changer de regard pour accueillir la richesse de la mixité sociale et culturelle.
- à Madame Nathalie DINNER, Vice-présidente du Conseil Départemental, en charge de l’Habitat et du Logement, représentant Monsieur le Président du Conseil Départemental, qui insiste sur la volonté du département de sortir les ménages de l’hôtel social pour leur donner un logement digne. Elle a rappelé que le département a signé une nouvelle convention triennale avec SNL94 ,lui donnant davantage de moyens pour poursuivre son activité et son développement. Elle interroge également sur » le droit à la ville pour tous » : est-il possible que chacun/e puisse choisir l’endroit où il souhaite vivre ?
La soirée se termine par le verre de l’amitié.